pl : Leonard Chodźko (Borejko) - ru : Леонард Ходзько
VICTOR HUGO (1).
(1) Actes et Paroles. Pendant l'exil. Reliquat. Édition de l'Imprimerie Nationale.
Fils du précédent, historien, pseudonyme : comte d'Angeberg ; né à Oborek le 6 novembre 1800 et mort le 12 mars 1871 à Poitiers. Il a surtout écrit en langue française.
Après avoir fait ses études à l’université de Wilna, il quitta son pays et s’établir à Paris en 1826. En 1830, il fut capitaine aide de camp du Général LAFAYETTE. Il remplit les fonctions de bibliothécaire à la bibliothèque Sainte Geneviève et à celle de la Sorbonne. Presque tous ses ouvrages ont pour objet l’histoire de la Pologne ou des pays voisins.
Les principaux sont : les Polonais en Italie ; Histoire des Légions polonaises ; Tableau de la Pologne ancienne et moderne … (liste non exhaustive).
*
Bruxelles, 12 août 1868.
A Monsieur Léonard Chodzko :
Monsieur,
Le désir que vous m'exprimez, au nom de la Pologne proscrite, me touche et m'honore. C'est de Belgique que je vous réponds. Un devoir de famille, qui m'a appelé à Bruxelles, m'y retient, et me privera, à mon grand regret, de l'honneur d'assister à la solennité que vous présidez.
Je serai avec vous, quoique absent. La vraie présence, c'est la solidarité.
Où palpite l'âme de la Pologne, le cœur de la France bat.
La proscription grandit ce qu'elle croit abattre. La Pologne a gagné ceci à son martyre, qu'elle est restée une nation et qu'elle est devenue un symbole. La Pologne aujourd'hui représente les nations. Pas un peuple, à cette heure, qui, ainsi que la Pologne, ne soit supplicié. La Grèce est mutilée dans sa nationalité, l'Italie dans sa grandeur, l'Irlande dans sa conscience, la Hongrie dans son indépendance, la France dans sa liberté. Mais l'avenir, c'est la restitution. Aucun peuple n'est dans le sépulcre. La Pologne, demain, sera debout. Nous sommes saignants comme elle, elle est vivante comme nous.
Je m'associe du fond du cœur à votre communion auguste.
A Monsieur Léonard Chodzko :
Monsieur,
Le désir que vous m'exprimez, au nom de la Pologne proscrite, me touche et m'honore. C'est de Belgique que je vous réponds. Un devoir de famille, qui m'a appelé à Bruxelles, m'y retient, et me privera, à mon grand regret, de l'honneur d'assister à la solennité que vous présidez.
Je serai avec vous, quoique absent. La vraie présence, c'est la solidarité.
Où palpite l'âme de la Pologne, le cœur de la France bat.
La proscription grandit ce qu'elle croit abattre. La Pologne a gagné ceci à son martyre, qu'elle est restée une nation et qu'elle est devenue un symbole. La Pologne aujourd'hui représente les nations. Pas un peuple, à cette heure, qui, ainsi que la Pologne, ne soit supplicié. La Grèce est mutilée dans sa nationalité, l'Italie dans sa grandeur, l'Irlande dans sa conscience, la Hongrie dans son indépendance, la France dans sa liberté. Mais l'avenir, c'est la restitution. Aucun peuple n'est dans le sépulcre. La Pologne, demain, sera debout. Nous sommes saignants comme elle, elle est vivante comme nous.
Je m'associe du fond du cœur à votre communion auguste.
VICTOR HUGO (1).
(1) Actes et Paroles. Pendant l'exil. Reliquat. Édition de l'Imprimerie Nationale.